Le Nouvel Observateur publie aujourd’hui une enquête sur la maladie de Lyme, intitulée une« épidémie qu'on vous cache ». Le magazine évoque « un scandale sanitaire autour de cette pathologie transmise par les tiques. »
Le gouvernement vient de lancer un plan d’action. Le Nouvel Observateur s’interroge sur les raisons de ce lancement : « Prise de conscience ou opération de com' face à la mobilisation des malades ? »
L’hebdomadaire note que « plus de 100 médecins, emmenés par le Pr Christian Perronne, chef du service infectiologie de l’hôpital de Garches (93), lancent un appel d'urgence, une alerte au gouvernement. »Il précise que « De plus en plus souvent, ces médecins sont confrontés à des malades qui errent des années d’hôpital en hôpital. Paralysés, souffrant de douleurs musculaires et articulaires, diagnostiqués à tort comme souffrant d’un ‘Alzheimer’, d’une sclérose en plaques ou d’une spondylarthrite. Ils sont en fait atteints de la maladie de Lyme chronique, transmise par les tiques », constate L’Obs, qui poursuit : « une maladie non reconnue en France, sous-diagnostiquée, que la Sécu rechigne à prendre en charge. Et pourtant en forte expansion ».
Les 100 médecins écrivent à la ministre de la Santé :« Nous, médecins soignants, généralistes et spécialistes, par la présente pétition, nous exigeons :
– Des financements publics pour améliorer les tests de diagnostic, actuellement non fiables. […]– La prise en compte de la détresse morale majeure mais aussi socio-professionnelle de ces patients en errance diagnostique pendant plusieurs mois ou années. Certains sont obligés de dépenser des fortunes pour se faire soigner à l’étranger. D’autres choisissent le suicide. Ces patients doivent pouvoir avoir accès au statut de l’affection longue durée (ALD) et au remboursement à 100 % de leurs traitements.
– L’arrêt des poursuites contre les médecins qui ne suivent pas les recommandations officielles (consensus de 2006) pour soigner leurs patients […] », ajoutent les praticiens.
Le Nouvel Observateur publie également un entretien avec le Pr Perronne, qui dénonce depuis plusieurs années l'absence de reconnaissance de la maladie de Lyme chronique. Le praticien déclare notamment : « La maladie de Lyme explose, c'est un scandale sanitaire. […] En plus de la borrélie responsable de la maladie de Lyme, il existe une vingtaine d’autres espèces de Borrelia. Le test Elisa, étape obligatoire pour les médecins français, n’en détecte que 3, avec de plus une proportion élevée de cas où ce test reste négatif malgré la maladie. […] Et pourtant, s’il est négatif, les médecins français n’ont pas le droit de poursuivre leur exploration, de compléter par un autre test plus précis, comme le Western-Blot. Même si leur patient a des signes cliniques significatifs. Les médecins peuvent être poursuivis par l’Assurance-Maladie s’ils le font ! », observe le spécialiste.
Le Pr Perronne ajoute que « le centre de référence de la borréliose à Strasbourg dit encore aujourd’hui que ce test est fiable à 100%, alors que toutes les publications montrent l’inverse ! Comment peut-on continuer une telle aberration ? ».
Il précise qu’« on ne devrait pas dire "Lyme" mais "maladies vectorielles à tiques". Le Lyme et les maladies associées donnent des signes cliniques très divers, qui, en plus, peuvent ne se déclarer que des années après. D’où la complexité du diagnostic. Et la nécessité justement d’améliorer les tests ! ».
Le praticien appelle à « mettre en place des tests de diagnostic fiables. Accorder une vraie prise en charge aux malades et arrêter de poursuivre les médecins qui les soignent, créer des unités hospitalières spécialisées Lyme, et financer la recherche : jusqu’à aujourd’hui, je n’ai jamais réussi à obtenir un euro de subvention pour ce secteur ! ».
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